Entassés en plein désert dans des huttes, des centaines de milliers de Soudanais ont fui vers le Tchad voisin. Désormais loin des combats mais ils peinent à se soigner car, tout manque. De la prise en charge aux médecins et médicaments, le déséquilibre est à tous les niveaux.
« Je souffre de diabète, d’asthme et d’allergies », raconte Adam Bakhit, réfugié soudanais à l’AFP qui ajoute n’avoir reçu aucune injection pour soulager sa douleur.
Comme lui, dans les camps d’Adré, au milieu du désert de l’Est du Tchad frontalier de la région soudanaise du Darfour (ouest), plus de 200.000 Soudanais, quasiment tous des femmes, des enfants ou des hommes âgés, tentent de survivre, sans installation sanitaire et avec des cliniques de fortune.
Chaque jour, des centaines d’entre eux y arrivent par colonne, à pied, après des kilomètres de marche pour fuir les combats au Soudan déclenchés le 15 avril 2023.
Mais une fois au Tchad, les réfugiés doivent affronter d’autres fléaux sous un soleil de plomb entrecoupé de trombes de pluie, souvent sans eau potable et sans nourriture, d’après Médecins sans frontières (MSF).
« Les cas de paludisme explosent avec la saison des pluies au Tchad. Les réfugiés ont de plus en plus de risques de contracter des maladies transmises par l’eau, tel que le choléra », s’inquiète MSF.
300 patients par jour
« Les maladies qui circulent sont nombreuses », indique Mouzammil Saïd, un réfugié de 27 ans, volontaire dans une petite clinique de fortune installée par les organisations humanitaires.
Chaque jour, dit-il à l’AFP, « on reçoit jusqu’à 300 patients ». Les malades sont allongés sur des lits blancs posés à même le sable, collés quasiment les uns aux autres.
La petite équipe soignante n’a ni espace ni équipements pour faire face. Elle doit composer avec un « hôpital » fait de petits abris de bâches et de palmes tressées, avec de rares lavabo de fer posés sur des plans de travail rudimentaires et quelques cartons de médicaments livrés au gré des dons.
« Se fournir en médicaments est un défi énorme parce qu’ils coûtent beaucoup trop cher, on a vraiment besoin d’aides », affirme Saïd.
Bakhit, lui, attend toujours les comprimés qu’on lui a promis depuis sa fuite d’El-Geneina, sa ville ravagée par les combats au Darfour.
« Mes médicaments pour le diabète sont censés arriver dans trois jours, mais pour l’asthme, on m’a conseillé d’aller acheter un inhalateur hors du camp », affirme-t-il. Mais même au-dehors, il n’est pas sûr d’en trouver.
Le Tchad est le troisième pays le moins développé au monde selon l’ONU et son système de santé à genoux ne peut souvent rien pour les plus fragiles.