Pendant cette dernière décennie, la sous-région du Sahel est caractérisée par une insécurité aiguë qui empoisonne la vie des populations de cette partie de l’Afrique au quotidien. Malgré les efforts des dirigeants avec le soutien des forces armées, le terrorisme fait son bonhomme de chemin. L’implication de la population serait une des dernières cartouches à exploiter pour combattre le mammouth du siècle présent.
C’est devenu une tradition pour les médias internationaux de relayer les informations concernant les dégâts faits par les terroristes dans le Sahel. Il ne se passe pas un seul instant que l’on allume son poste radio ou son poste téléviseur et que l’on puisse entendre des cas d’attentats ayant occasionné morts d’hommes dans tel ou tel autre pays de la zone sahélienne. De nombreuses familles endeuillées, des milliers des déplacés internes dans les 5 pays du Sahel dont les plus touchés sont le Mali, le Burkina-Faso et le Niger. Les populations défavorisées ne savent plus à quel saint se vouer.
Les dirigeants de la Mauritanie, du Tchad, du Mali, du Niger, du Burkina-Faso qui composent le G5 Sahel ont misé sur leurs armées avec l’aide de la communauté internationale pour faire face à ces hommes sans foi ni loi que l’on nomme « terroristes » depuis des années. Mais, cette solution militaire a montré ses limites. Cependant, des voix se lèvent contre la présence militaire des forces étrangères et locales pour des exactions commises d’une part et d’autre pour leur inefficacité notoire dans leur mission qu’assurer la sécurité des populations et de leurs biens.
Maintenant, les gouvernants de l’espace Sahel doivent comprendre que la lutte contre le terrorisme n’est pas seulement armée mais, elle est aussi civile. Parce que les extrémistes s’appuient beaucoup plus sur les populations locales pour obtempérer. « Quand ces terroristes arrivent dans un endroit, ils se mélangent à la population démunie, ils épousent même leurs filles. Ils deviennent complices des locaux. Et, ils commencent à faire des gestes de générosité, petit à petit, ils prennent la place de l’Etat. Ainsi, il est difficile de maitriser leurs mouvements », a indiqué l’ambassadeur Mahamat Saleh Annadif, représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, à l’occasion d’une conférence-débat à l’ENA.
Promouvoir l’emploi des jeunes
Les terroristes ont développé une stratégie transversale qui attire bon nombre de jeunes en quête d’emploi : une communication active contre les gouvernants, une amélioration des conditions de vie et tant d’autres promesses qui dénigrent les actions des Etats. Les jeunes étant vulnérables à ces discours séduisants compte tenu de leurs conditions sociales précaires, tombent facilement dans les mailles de ces extrémistes.
Pour décourager les terroristes et casser le thermomètre, les dirigeants des Etats du Sahel doivent promouvoir l’emploi des jeunes, les impliquer dans les prises des décisions au niveau local et national et mettre en marche une machine de déconstruction des discours de la haine et de la violence. Bref, les Etats de la zone du Sahel doivent instaurer une justice sociale pour tous où tout le monde se reconnait.
Kary Amadou